Magnesium lactate in the treatment of Gitelman syndrome : patient-reported outcomes
Le syndrome de Gitelman (GS) est une maladie rare de transmission autosomique récessive dont la prévalence est de 1/40 000. Elle est liée à des anomalies du gène SLC12A3 codant le co-transporteur sodium-chlore situé au niveau du tube contourné distal.
La symptomatologie clinique, liée l’hypomagnésémie et à l’hypokaliémie existantes, peut associer une fatigabilité globale, une faiblesse musculaire, des crampes, des paresthésies, des palpitations, des douleurs articulaires,…Il peut également y avoir des signes plus sévères à type de crise convulsive, troubles du rythme cardiaque, rhabdomyolyse, chondrocalcinose.
Le traitement est classiquement basé sur une alimentation riche en K et Mg, des suppléments de K et Mg. La tolérance de ces traitements n’est pas bonne, en particulier pour la Mg ce qui en limite l’&acceptation et donc l’efficacité.
Le choix du type de supplément en Mg utilisé varie beaucoup selon les équipes et sur différents critères (coût, disponibilité, goût,..)
Le but de cette étude a été de préciser la tolérance et l’efficacité d’une forme particulière de Mg : le lactate de Mg à libération prolongée.
28 patients porteurs d’un GS avec un âge médian de 39 ans ont participé à l’étude réalisée par un questionnaire. 20 d’entre eux avaient reçu auparavant une dose maximale tolérée de glycérophosphate de Mg, 5 avaient reçu différents types de sels de Mg (chlorure, oxyde, aspartate,..). 3 étaient naïfs d’un apport de Mg. La dose quotidienne de Mg chez les patients déjà traités allait de 32 à 256 meq.
Résultats :
– 25/28 patients ont choisi de poursuivre le traitement au long cours.
– 3/28 sont revenus à leur traitement antérieur dont 2 en raison de la taille des comprimés.
– 13/25 ont rapporté moins d’effets secondaires par rapport aux traitements antérieurs, 7 n’ont pas vu de différence et 2 ont vu une aggravation des ES.
– 17 patients ont vu leurs symptomatologie liée au GS s’améliorer, 7 n’ont pas vu de différence et 1 a vu une aggravation.
– dans 90% des cas, il a été constaté une amélioration des taux plasmatiques moyens de K et de Mg dosés avant et après modification du traitement.
Discussion :
L’effet positif à la fois en termes subjectifs rapportés par les patients et également sur les taux de K et Mg plasmatiques peut être du soit au lactate de Mg soit à ses propriétés de libération prolongée.
Les auteurs rappellent qu’ils existent une grande variabilité selon les pays de préparation contenant du Mg dont un grand nombre sont considérés comme des compléments alimentaires. Pour ces derniers, il n’y a pas d’études réalisées concernant leur biodisponibilité, leur efficacité et leur tolérance.
Concernant le traitement du GS, celui-ci n’a pas été sensiblement modifié au cours des dernières décades même si l’intérêt de l’indomethacin a été précisé récemment (Blanchard A, Vargas-Poussou R, Vallet M et al. Indomethacin, amiloride, or eplerenone for treating hypokalemia in Gitelman syndrome. JASN 2015; 26: 468–475). Cette étude permet d’apporter un argument assez fort pour l’utilisation chez les patients porteurs d’un GS d’une forme à libération prolongée de Mg comme le lactate de Mg.
Il existe également un besoin certain pour que, dans ces situations rares, des études d’efficacité et de tolérance de suppléments en Mg soient conduites afin que le choix du produit utilisé ne soit pas fait uniquement sur des arguments de coûts et/ou de disponibilité.
Kamel Laghmani, Bodo B. Beck, Sung-Sen Yang, Elie Seaayfan et al. The New England Journal of Medecine, May,12 2016
Mise en ligne : 21/07/2016